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Lili Keller-Rosenberg, survivante de la Shoah, émeut des lycéens

Lili Keller-Rosenberg est une rescapée et témoin de la Shoah. Cette dame de 90 ans, originaire de Croix, a été déportée à seulement 11 ans avec sa mère et ses deux frères. Elle est venue partager son histoire à l’Institution Sainte-Marie à Beaucamps-Ligny dans le Nord.

Debout, micro à la main, voix assurée, Lili Keller-Rosenberg raconte son histoire aux lycéens de l’Institution Sainte-Marie à Beaucamps-Ligny. Issue d’une famille juive d’origine hongroise, elle témoigne des horreurs qu’elle a vécu. Le 27 octobre 1943, c’est l’anniversaire de sa mère, mais à 3h du matin, sa vie tourne au drame… La police allemande pénètre dans le domicile familial en pleine nuit. Lili est déportée à seulement 11 ans, aux côtés de sa mère et de ses deux frères.

Bergen-Belsen, un « camp terrible »

Ensemble, ils ont été envoyés à Ravensbrück, un camp pour femmes, pendant près de deux ans, avant d’être déplacés au camp de Bergen-Belsen. Ce camp est connu pour avoir hébergé au même moment Anne Frank et Simone Veil. “À Auswitch, c’est la mort immédiate. Dans les autres camps, c’est la mort à petit feu.” confie Lili. “Je suis persuadée qu’il ne fusse que 15 jours, 3 semaines de plus à Bergen-Belsen, nous ne tenions pas. C’était un camp terrible aussi.” 

25612, c’est son numéro de matricule. Celui qui l’a poursuivi pendant ce long voyage et dont elle n’oubliera jamais l’existence. 80 ans après, Lili a toujours peur des chiens. Elle est traumatisée par ceux qui rodaient et attaquaient les déportés dans son camp. C’est une autre chose qu’elle ne pourra pas oublier de Ravensbrück.

La résistance depuis les camps

La mère de Lili a tout fait pour qu’elle et ses deux frères survivent. Elle les réveillait au moins une demi-heure avant les autres pour qu’ils puissent faire leur toilette dans de meilleures conditions et ainsi garder leur dignité. “Les enfants, on nous a tout pris. Nous n’avons plus rien, même plus de nom”. Et la dignité passe aussi par le fait de rester propre. “Vouloir à tout prix faire sa toilette dans un camp de concentration, c’est déjà un acte de résistance.” 

Lili et ses frères sont libérés par les Anglais en 1945. Ils rentreront seuls en France car sa mère contracte le typhus dans les camps et son père est fusillé à Buchenwald. Sa mère a été soigné sur place, avant de les rejoindre.

Un devoir de mémoire

Mais la libération n’est pas complète. Une fois en France, la parole ne leur est pas donnée. Traumatisés, s’ils en parlaient, les autres ne les croyaient pas forcément. Face aux négationnistes, elle commence à témoigner.

Aujourd’hui, Lili transmet sa mémoire lors d’interventions dans les écoles partout en France. “C’est en expliquant aux jeunes qu’il ne faut plus de haine, qu’il faut combattre le racisme qui existe toujours, l’antisémitisme… Il y 6 millions de juifs qui sont morts, et malgré tout, l’antisémitisme se poursuit. Il faut que ces jeunes comprennent qu’ils ont un rôle à jouer.”

Lili Keller-Rosenberg a écrit plusieurs livres. Elle raconte son histoire dans « Moi, Lili Keller-Rosenberg » ou encore “Et nous sommes revenus seuls”.